Conseils,  Langue & Culture

Comment enseigner sa langue maternelle à son conjoint

Attitude à adopter

La méthode exposée ici demande du temps, et de toute façon apprendre une langue est un processus long. Patience et discipline chez vous comme chez votre partenaire sont donc la clé de la réussite !

Par exemple plutôt que de chercher des résultats immédiats et impressionnants, ayez la discipline d’avancer un petit peu chaque jour, même si cela semble dérisoire face à l’ampleur de la tâche : les progrès suivront.

Ayez aussi la patience par exemple de laisser votre conjoint mémoriser à son rythme : cela peut vouloir dire le/la laisser répondre au début dans la langue commune quand vous parlez votre langue maternelle. Contrairement aux apparences il/elle apprend et mémorise, et un beau jour, alors qu’il/elle se retrouve à parler avec quelqu’un qui ne maitrise que votre langue maternelle, il/elle l’emploie et vous découvrez que votre enseignement a porté ses fruits.

Souvenez-vous aussi que votre but est de permettre à votre compagnon/compagne de comprendre la langue et de se faire comprendre, et non pas de parler correctement. En pratique cela signifie que quand il/elle emploie des phrases incorrectes (conjugaison, grammaire…), la seule question qui importe est : « est-ce que l’on comprend ce qu’il/elle veut dire ? » Non ? Corrigez immédiatement. Oui ? Poursuivez votre enseignement, quitte à revenir sur cet élément bien plus tard, lorsque l’élève maitrise déjà bien la langue et saura mémoriser vos instructions.

Pensez enfin à éviter de traduire toute une phrase aussitôt qu’elle n’est pas comprise. A la place cherchez à identifier le morceau problématique, si possible en « lisant » les expressions de l’élève : il est épuisant et frustrant de constamment devoir répéter « je ne comprends rien ! » donc épargnez-lui cela en identifiant ce qu’il/elle ne comprend pas simplement en fonction de l’attitude, expressions du visage, ce que vous savez qu’il/elle connait déjà ou non, etc.

Ensuite, à vous de voir s’il s’agit d’un élément négligeable sur lequel il est inutile de s’attarder, ou au contraire d’un élément clé qui doit être compris : dans ce cas cherchez avant tout à faire deviner le sens (guidez la réflexion, répétez, mimez, employez des synonymes, désignez du doigt…). Gardez la traduction du passage problématique comme dernier recours.

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3 commentaires

  • Marie

    Je témoignerai simplement en qualité de maman : la compagne de mon fils étant étrangère. Notre première rencontre était chaleureuse mais accompagnée par mon fils qui devait intervenir car mon niveau d’anglais était médiocre. Mais en moins d’un an non seulement nous pouvions communiquer de vive voix, par skype mais la chaleur et l’accueil qui est ressorti de cette relation est fantastique. Non seulement ma belle fille trouvait une autonomie en venant en France, mais elle attirait le sourire, la sympathie des commerçants, des personnes qu’elle rencontrait. Quand à sa place dans la famille elle est tout à fait particulière. Je pense que cet apprentissage renforce la découverte de la culture de l’autre, le respect pour ce qu’il est et donne la possibilité à la personne étrangère de prendre une place à part entière dans sa belle famille.
    Au quotidien c’est peut être un vrai travail, mais je peux témoigner de fous rires, de situations drôles, de chaleur et de respect tant pour celui qui enseigne que pour celui qui apprend

  • Fanny

    Bonjour, mon partenaire est anglais et j’essaye de lui apprendre le français mais la plus grande difficulté est la conjugaison des verbes. Pour chaque verbe il faut apprendre 6 conjugaison rien que pour le présent. Je me demande donc si il vaut mieux que l’on parle à l’infinitif ( ex: je être content ) pour aller plus vite quitte à ce que ce soit incorrect ou bien continuer à utiliser les conjugaisons qui tendent à l’embrouiller.
    Vous dites que l’important c’est la compréhension et donc avec l’infinitif je comprends mais si je parle normalement il ne va plus me comprendre ( surtout pour les verbes irréguliers donc la conjugaison ne ressemble pas du tout à l’infinitif ) merci de vos conseils très appréciés

    • David Gay-Perret

      Bonjour Fanny et merci de votre commentaire !
      Mon conseil est le suivant : laissez-le employer l’infinitif jusqu’à ce que ce soit bien rentré. Certes il faudra casser l’habitude après coup mais d’expérience c’est beaucoup plus facile que de tenter d’enseigner les conjugaisons et ça vous permettra d’avancer. Sinon il va se retrouver bloqué à chaque phrase (exactement le syndrome de l’apprentissage scolaire) et n’apprendra rien. Après tout même si les verbes sont importants, il y a beaucoup d’autres éléments à apprendre donc mieux vaut une méthode imparfaite mais qui marche et permet de communiquer et de poursuivre l’apprentissage d’autres éléments en s’amusant plutôt qu’un enseignement précis mais rébarbatif et qui bloque tout le reste.
      PAR CONTRE je vous encourage à employer les verbes correctes. Ma méthode se base sur le mimétisme : vous devez donc donner le bon exemple. L’idée est qu’il va comprendre votre phrase bien avant de pouvoir la formuler par lui-même mais après suffisamment de temps il commencera à la copier. Vous aurez alors une situation assez drôle ou certaines phrases sont parfaites car copiées, et d’autres avec le même verbe mais mal/pas conjugué car construites par lui-même ! Mais de là il vous suffira d’expliquer rapidement la grammaire pour ajuster.
      Et si vous tombez sur un verbe complexe essayez de le remplacer par un autre déjà connu OU proche de l’anglais OU dont la forme conjuguée n’est pas très éloignée de l’infinitif (tout le 1er groupe par exemple). Si tout échoue, débutez votre phrase jusqu’au verbe en question, traduisez-le, répétez la phrase et terminez-la. Par exemple avec le subjonctif ça donnerait : “il faut que j’aille – go – il faut que j’aille au supermarché”.
      Souvenez-vous : ayez patience. Cette méthode est longue, il faut répéter plusieurs fois, avancer, revenir pour ajuster… Comme un dessin : on ne dessine jamais tous les détails d’un cm² avant de passer au suivant. On dessine les grandes lignes de toute l’image, puis on repasse, on affine, on ajoute les détails, on peaufine…

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